Jean-Baptiste, le dernier des prophètes, assure la transmission entre la tradition juive et la tradition chrétienne, il opère le lien : c'est lui qui annonce la venue du Christ, qui le baptise, et qui enfin s'efface. On le présente comme un lévite, un prêtre de l'ancienne loi, et comme un nazir, mot improprement traduit par "nazaréen", "de Nazareth", alors que ce terme désigne un homme "consacré", voué au service de Dieu, qui notamment devait se laisser pousser les cheveux. Le culte de saint Jean s'est répandu dans toute la chrétienté au VIIème siècle, sous l'influence de saint Augustin. Les baptistères, bâtiments originellement indépendants, lui étaient consacrés, jusqu'à ce que les fonts baptismaux, à l'intérieur des églises et près de l'entrée, y matérialisent le passage, l'accès au temple du nouveau baptisé. L'eau de vie, l'eau du baptême reste un thème naturellement associé à saint Jean. Son aspect velu, barbu et chevelu, son séjour dans le désert fournissent également des clefs pour la lecture du personnage. Et la protection qu'il aux bergers de moutons, inspirée par sa représentation où il désigne l'Agneau, justifie un certain nombre d'usages coutumiers, telles des offrandes de toisons ou de laine. Faut-il y y voir aussi un lien avec la tradition du Loup Vert à Jumièges (76) et à Montreuil-sur-Mer (62), célébrée le 23 juin, par la Confrérie de Saint-Jean-Baptiste ? Il y a là tout un terrain à explorer. Le décalage de six mois entre la Saint-Jean et Noël est fondé sur l'Évangile de Luc (I,36) qui fait dire à l'ange Gabriel au moment de l'Annonciation (donc le 25 mars, logiquement neuf mois avant Noël) : " Voici, Élisabeth ta parente a conçu elle aussi un fils en sa vieillesse et celle qui était stérile est dans son sixième mois. " L'année chrétienne se trouve ainsi "cadrée", au sens étymologique du mot, autour de quatre points proches des solstices et équinoxes. A condition bien sûr d'y ajouter la Conception de Saint Jean-Baptiste qui est fêtée par l'église orthodoxe le 23 ou 24 septembre. Gauvain, dans Perlesvaux, doit conquérir l'épée avec laquelle Jean-Baptiste fut décapité.
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