Il exprime l'aspiration de l'homme à dépasser sa nature, à rejoindre l'au-delà, à soulever le voile qui l'empêche de se voir en tant qu'être total. Bien des illustres familles ont ainsi pu revendiquer une ascendance divine : Jules César se prétendait descendant de Vénus, comme les Lusignan de Mélusine ou les Plantagenêts de la fée Roscille. Mais aussitôt l'existence d'un interdit vient relativiser le privilège ainsi obtenu : l'union ne saurait être totale, et l'être humain, dans son imperfection, est condamné à rompre, le plus souvent à son insu, le pacte et à déchoir du lien qui lui avait été concédé.

L'histoire d'Eros et de Psyché, dans la mythologie grecque, exploite ce thème. Dans ce cas l'interdiction pour Psyché - l'âme humaine - de voir son divin amant correspond à l'incapacité où elle est de contempler sa surnaturelle beauté. Les relations entre Vénus et Adonis, Vénus et Anchise, Cybèle et Attys, Urvasi et son mortel mari Pururavas (en Inde), Macha qui s'éprend du paysan Crunniuc (en Irlande), Gradlon et la fée (dans le lai de Graelent-Meur, où Gradlon réussit finalement à fléchir la fée et à se retrouver dans l'Autre-Monde) en constituent autant d'illustrations. Les succubes et les incubes proposent une version moins idyllique du même thème, car alors l'union est d'ordre diabolique, et elle est subie. Mais ce n'est là qu'un effet de la christianisation, qui reflète le rejet des anciennes divinités. Ce qui n'empêche pas Merlin, fils d'un incube, de toujours bénéficier de la grâce divine.

Ce thème n'a pas fini d'être agissant si l'on considère certains mouvements sectaires, ou les relations revendiquées avec les extra-terrestres.