Le Graouli est une sorte de dragon doté d'un bec de canard et de deux pattes, qui résidait dans l'amphithéâtre romain de Metz et qui dévastait la région en exigeant un tribut de victimes.

Son nom, également transcrit Graouilly, Graouilli, Graully ..., n'est pas sans évoquer, phonétiquement, d'autres êtres maléfiques comme la Gargouille, la Grand'Goule, la Galaffre, les ogres ou les antiques Gorgones, voire avec Gargantua, qui sont tous de terribles avaleurs et dotés d'une prodigieuse "gorge". Il faut en fait en chercher l'étymologie dans l'allemand graülich, "effroyable, monstrueux, puant".

Saint Clément, premier évêque de Metz (IIIème siècle, quoique l'on ait dit qu'il avait été envoyé par saint Pierre), qui avait établi sa résidence dans ce même amphithéâtre, lia le Graouli avec son étole et lui ordonna de quitter à jamais les lieux : il le conduisit sur les bords de la Seille, et le dragon s'y s'enfonça à jamais, suivi par tous les serpents de sa suite : symbole évident de la victoire du christiannisme sur le paganisme et les anciens cultes.

Son effigie articulée a longtemps été emmenée en procession chaque année à l'occasion des Rogations et de la Saint-Marc, et la foule s'attachait alors à la gaver de gâteaux.

Rabelais l'évoque dans le Quart Livre  : "C'estoit une effigie monstrueuse, ridicule, hydeuse, & terrible aux petitz enfans : ayant les oeilz plus grands que le ventre, & la teste plus grosse que tout le reste du corps, avecques amples, larges, & horrificques maschouères bien endentelées tant au dessus comme au dessoubs : les quelles avecques l'engin d'une petite chorde cachée dedans le baston doré l'on faisoit l'une contre l'aultre terrificquement clicquetter, comme à Metz l'on faict du Dragon de sainct Clemens."

Le Graouli, tel qu'on peut encore le voir
dans la crypte de la cathédrale de Metz,
et, dans cette même cathédrale,
tel qu'il fut apprivoisé par saint Clément.