Gargantua
est un personnage clef de la mythologie française.
Diverses chroniques
du XVIème siècle, entre autres sous la plume de Rabelais,
rapportent ses exploits. Mais sa "vie inestimable" ne
fait que broder sur un très ancien fond qui transparaît
au travers d'innombrables traditions populaires.
Tout laisse
supposer que, derrière la figure du géant truculent
et glouton, se cache une très ancienne divinité, présente
sur notre territoire aux temps celtiques, et très probablement
bien antérieurement. Une divinité apparemment puissante
et bienveillante, mais qui peut aussi paraître terrifiante.
Les mythologues
qui, depuis le XIXème siècle,
se sont penchés sur ce personnage énigmatique, ont
proposé toutes sortes de clefs d'interprétation qui
sont autant d'ouvertures, de pistes.
C'est ainsi
qu'Henri Gaidoz y voit la personnification du " soleil vainqueur
et glorieux ". Henri Dontenville et Henri Fromage lui attribuent
la dimension du dragon. Il est pour Guy-Edouard Pillard le
"symbole même de l'éternelle résurrection".
Tandis que pour Claude Gaignebet, il est avant tout la "
personnification du carnaval ".
Mais déjà
George Sand
relevait que " ceux qui vous racontent ces choses n'ont certes
jamais lu le livre (Gargantua), et pas plus qu'eux
leurs aïeux n'ont su son existence. Le nom de Rabelais leur est
aussi inconnu que celui de Pantagruel et de Panurge. Le frère Jean
des Entommeures, ce type si populaire par sa nature et son langage,
n'est pas arrivé davantage à la popularité de fait. Ces personnages
sont l'œuvre du poète ; mais je croirais que Gargantua est
l'œuvre du peuple, et que, comme tous les grands créateurs, Rabelais
a pris son bien où il l'a trouvé." (Légendes
rustiques)
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